Rizio Sanmarino
littérature,romans,livres,nouvelles,
Signer mon livre d'or Faire connaître mon blog Me contacter par mail Flux RSS
RechercherDerniers commentairesbonjour,
pour des raisons techniques liées au blog de rizio sanmarino (et ce depuis mi-août) les messages post
Par Note des éditions , le 27.10.2010
· René Char ( 1907-1988)
· Emile Ajar - Romain Gary
· Le Rêve dans le pavillon rouge - Cao Xueqin (1680-1760)
· Fabrizio De Andre Le passanti (Les passantes. G Brassens)
· Albert Camus
· Pour tout héritage - Rizio Sanmarino
· Marguerite Duras (1914-1996)
· Je suis une feuille. Renan Luce
· La licorne Céleste
· Marcel Proust - La Recherche...
· Le 22 septembre. G Brassens
· Camus, une œuvre arrachée au silence... (suite).
· Madeleine de Scudéry
· Jacques Prévert. (1900-1977)
· L'Etranger (1942). Albert Camus
Date de création : 17.08.2010
Dernière mise à jour :
25.12.2011
16 articles
Un regard sur des vies croisées
Tout au long de ces dix nouvelles, l'auteur nous entraîne à dénouer, petit à petit, la trame de son roman.
A travers des situations diamétralement opposées, il nous présente l'ensemble de ses personnages dans des mises en scène totalement différentes :
Amour. Amitié. Lâcheté. Egoïsme. Intolérance. Trahison. Naïveté. Révolte. Souffrance. Maladie. Espoir. Puis...
A priori, la narration de ces thèmes n'a rien en commun, et pourtant !
Le lecteur en découvrira la teneur et la finalité en partant à la rencontre de personnalités aussi diverses que sont : Laurine, Philippe, René, Richard, Pierre, Jacques, Léna, Sara et Mathieu.
Chaque histoire peut se lire indépendamment : l'esprit du récit n'en sera nullement altéré.
Croquer la vie avant que la mort ne nous absorbe. /Vivre en pleine altitude sans avoir peur de tomber. /S'éteindre de fatigue. /Haïr la lassitude. /Et pour ultime Héritage : se laisser emporter par le tourbillon de l'espoir...
Enfin :
Laissons les mots chanter,
La raison se faire,
Les critiques se taire...
L'intelligence, la vraie, la grande, la mystérieuse : c'est celle qui s'abstient de tout "jugement" sentencieux et définitif sans avoir pris la précaution de peser à sa juste valeur la puissance d'une "idée, d'un comportement, d'une interprétation, d'une phrase..."
La moindre onomatopée, le simple "areu" d'un nouveau-né a parfois plus de portée "littéraire, psychologique, artistique ou philosophique", (dans ce qu'il souhaite transmettre comme message), que le plus compliqué des verbiages pour démolir une œuvre - même mineure - d'un auteur...
Emile Ajar / Romain Gary, ou l'art d'être publié en faisant la nique à des critiques médusés :
Romain Gary, né en 1914 à Paris, obtient le prix Goncourt en 1956 pour son roman, Les racines du ciel. Le réglement de ce prix prévoit que personne ne peut l'obtenir deux fois. En 1975, le prix Goncourt est attribué à un mystérieux écrivain dont on ne connaît que le nom - Emile Ajar - pour son deuxième roman, La vie devant soi.
La presse, enthousiasmée par le choix des jurés Goncourt, se met tout de suite en quête de cet auteur qui se cache plusieurs semaines et qu'on finit par trouver dans le sud de la France. Il s'appelle bien Emile Ajar, mais c'est un pseudonyme. Ajar, c'est Paul Palvovitch, qui accepte les interviouves, mais avoue n'avoir jamais écrit ce texte.
Ajar continue de publier pourtant...
Qui donc se cache derrière ce pseudonyme ?
En 1981, une dépêche de l'AFP annonce, ce que tout le monde avait deviné depuis longtemps... mais les benêts se taisaient sans doute par pudeur... : Ajar, c'était Romain Gary qui, après avoir publié une vingtaine de romans, s'était décidé, dans les années soixante-dix, à changer de style, de nom, à créer un mystère, à vivre en quelque sorte le phrasé qu'il affectionnait et qu'il imposait peu à peu.
En 1979, la compagne de Romain Gary, l'actrice Jean Seberg, disparaît tragiquement. L'écrivain ne peut supporter cette douleur : il se suicide le 2 décembre 1980.
Cet article est un petit cadeau personnel adressé à une personne qui affectionne particulièrement cet auteur.
Etrange destin que celui d'Albert Camus, qui semble avoir préparé ou annoncé dans chacune des phrases de son œuvre le hasard de sa propre fin...
Dépêche du journal le Monde, ce mercredi 6 janvier 1960 :
C'est l'hiver, il fait froid. Un vent vif cingle vos joues. Vous entrez dans un café. Vous vous asseyez sur la banquette de moleskine rouge sombre. En attendant le garçon, vous ouvrez votre journal, et vous n'en croyez pas vos yeux ! Vous lisez :Lundi 4 janvier 1960. Route Nationale numéro 5, entre Sens et Fontainebleau : Albert Camus est tué dans la Facel Vega conduite par Michel Gallimard. Il avait quarante trois ans.
Albert Camus mort ?
Mais, comment, que s'est-il passé ?
C'est tellement absurde, oui, absurde. Et vous vous rappelez : l'absurde ! Le thème de prédilection d'Albert Camus. Son roman, L'Étranger... Cette première phrase que vous connaissez par cœur : Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas...
L'Étranger ! Meursault qui se raconte, qui décrit sa vie monotone à Alger. On le dirait étranger à tout, rien n'a de prise ou d'emprise sur lui, pas même l'amour de Marie qu'il rencontre au lendemain de l'enterrement de sa mère. Tout lui est égal. Il est absent de sa propre scène, du théâtre de ses jours. Et puis voici qu'une bagarre éclate sur la plage. Le pistolet de celui qu'il défend, Raymond Sintès, (sa mère s'appelait Catherine Sintes) se retrouve dans ses mains. La bagarre terminée, Meursault s'en va, puis revient sur les lieux : il croit voir une lame briller dans le soleil, alors il tire, trois fois, quatre fois.
Meursault vient de tuer. Son procès a lieu. Il est condamné à mort. Alors il s'éveille à la vie, se révolte face à l'absurde. Il est sûr d'avoir été heureux, puisqu'il est encore vivant. Mais il est bien tard. Car l'absurdité est au pouvoir, partout : l'innocent Meursault est devenu un meurtrier sans raison, par hasard, sans le vouloir. Il va subir la peine de mort, autre absurdité...
Mort Camus...
Camus en pensées ?
- J'ai une patrie : la langue française
- La passion la plus forte du XX° siècle : la servitude.
- Il n'y a pas d'amour sans désespoir de vivre.
- L'homme est du bois dont on fait les bûchers.
- La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent.
- La mort n'est rien. Ce qui importe, c'est l'injustice.
- L'absurde, c'est la raison lucide qui constate ses limites.
- La vérité jaillira de l'apparence injustice.
-Tout refus de communiquer est une preuve de communication ; tout geste d'indifférence ou d'hostilité est appel déguisé.
Camus est en l'air :
La rencontre de Jean-Paul Sartre et de Camus, en 1944, est pleine de promesses. Sartre écrit de son nouvel ami qu'il est l'admirable conjonction d'une personne et d'une œuvre. Bien ! Mais lorsque Camus publie, en 1951, l'homme révolté (inspiré de Paroles d'un révolté et de La Conquête du Pain de Pierre Kropotkine), où il condamne le marxisme qu'il accuse de totalitarisme, l'équipe de la revue des Temps modernes se déchaînent. Jean-Paul Sartre qui la dirige écrit : Camus n'est ni de droite, ni de gauche, il est en l'air !
Les démêlés entre les deux hommes agitent durablement le petit monde germanopratin (c'est-à-dire de Saint-Germain-des-Prés, cœur de la vie littéraire, à Paris). Ils ne se réconcilieront jamais.
Les héros ordinaires de Camus :
En 1947, Camus publie son deuxième roman : La Peste. Il s'agit d'une chronique fictive, tenue par le Dr Rieux, sur la propagation de l'épidémie de peste à Oran, dans la décennie des années 40. Le lecteur comprend ainsi, dès les premières pages, que la peste n'est pas la peste, c'est l'allégorie du nazisme qui a commis ses ravages en Europe et de toutes les oppressions politiques. Point d'ostentation, point de héros brillants ni magnifiques dans La Peste, seulement des héros ordinaires, c'est-à-dire des hommes qui ne marchandent pas leur générosité, qui servent des idéaux à la portée de tout le monde : la paix au quotidien, le bonheur. Le succès du roman - en France et à l'étranger - ne s'est jamais démenti.
L'étrange Clamence:
La crise algérienne atteint Camus au plus profond de ses racines ; il écrit sa douleur dans de nombreux articles. A Alger, il lance un appel à la réconciliation, que personne ne veut entendre. Est-ce cette surdité du monde qui le conduit à publier La Chute ? Cette œuvre, qui prend forme d'un récit, demeure énigmatique : un narrateur, Clamence, réfugié dans la géographie concentrique d'Amsterdam semble vouloir démonter toute la construction idéologique de l'auteur lui-même...
Le cynisme et l'ironie qui se mêlent à sa virtuosité langagière atteignent, par ricochet, le lecteur, qui se sent impliqué dans cette réflexion, étourdi, désarçonné...
Œuvre :
Pour l'ensemble d'une œuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes, tels sont les termes employés par le jury Nobel pour justifier l'attribution de son prix de littérature à Albert Camus, en 1957.
Tout le monde le congratule... ou presque...
Vous êtes toujours assis sur la banquette de moleskine rouge sombre, dans le café où vous vous êtes réfugié pour fuir la bise d'hiver. Le garçon ne vous a pas encore servi. Votre regard se perd à travers la vitre dépolie qui filtre la lumière pâle. Soudain, une phrase vous revient, une phrase lue dans le Mythe de Sisyphe, qui vous avait marqué: Ce qui vient après la mort est futile...
Camus mort ? Non : ses phrases sont vivantes !
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas...
L'absurde c'est la vie. Et pour la rendre moins futile, il est des hommes qui construisent des œuvres utiles, fussent-elles entachées d'erreurs...
Le Rêve dans le pavillon rouge - Cao Xueqin (1680-1760)
Plusieurs versions concernant ce roman. Je n'aurais pas la prétention d'affirmer que la mienne soit la plus juste...mais n'empêche que !
La voici :
Il s'agit du plus grand roman chinois. De l'aveu de son propre auteur, Cao Xuequin, "chaque mot m'a coûté une goutte de sang", et l'œuvre comprend plus de 3000 pages !
C'est dire que Le Rêve dans le pavillon rouge est un monument, à tous points de vue, de la littérature chinoise.
Cao Xuequin, tient de Balzac, avec ses 500 personnages, et de Proust, dans la finesse des ses analyses psychologiques. L'intrigue se déroule autour des amours contrariées de l'aventurier Jia Baoyu et de sa belle cousine, Lin Daiyu. Les parents, comme il se doit, s'opposent au mariage, et, après mille tourments, les amants ne pourront se rejoindre. Cette tragédie digne de l'antique est l'occasion pour Cao Xuequin de dépeindre toutes les strates de la société sous les Quing, depuis les mandarins de la cour impériale jusqu'aux mendiants du ruisseau.
Encre d'azur, Bouffée de parfum ou Balayeur de pétales vous accompagnent pour un voyage au cœur des complots et des intrigues, dans la Chine impériale du XVII° siècle, flamboyante et hypocrite, feutrée, fascinante et dangereuse...
Un rêve accessible à ceux qui savent aimer sans parenthèses et sans prothèses d'esprit...
Madeleine de Scudéry
Elle est laide, elle le sait, elle s'en moque !
Madeleine de Scudéry possède une beauté qui ne se fane pas : l'intelligence.
Et elle s'en sert :
A quatre-vingt-quatorze ans (Les frontières de la Carte du Tendre) :
La Carte du Tendre est une vraie carte représentant un monde imaginaire avec des terres, des villes, des mers, des lacs et des îles. Le parcours amoureux s'y inscrit dans un voyage qui commence dans la ville de la Nouvelle Amitié. En suivant le fleuve Inclination, on se rend dans les villes de Tendre-sur-Estime, Tendre-sur-Reconnaissance ou Tendre-sur-Inclination.
Pour atteindre Tendre-sur-Estime, on doit passer par les villages de Jolis Vers, Billet Galant, Billet Doux, Sincérité, Grand Cœur, Probité, Générosité, Exactitude, Respect et Bonté.
Pour aller à Tendre-sur-Reconnaissance, prendre l'itinéraire suivant : Complaisance, Soumission, Petits Soins, Assiduité, Empressement, Grands Services, Sensibilité, Tendresse, Confiante Amitié.
Attention, si vous allez à Méchanceté, en passant par Indiscrétion, Perfidie, Méfiance, vous allez tout droit dans la mer d'Inimitié.
Et si vous empruntez Négligence, Inégalité, Tiédeur et Oubli, vous vous jetez dans le lac d'Indifférence !
Méfiez-vous : à l'embouchure du fleuve Inclination existe la mer Dangereuse et, si vous la traversez, vous atteignez les Terres Inconnues...
A bon entendeur...
Non... Un peu de courage !
Si vous atteignez les Terres Inconnues, peut-être découvrirez-vous enfin l'imprévu, l'absolu, le salut?
Déboires, désillusion, déconvenue, désappointement...
Intelligence, mansuétude, sagacité, clairvoyance...
Discernement, finesse, justesse, intensité...
Rémission, indulgence, grâce, rédemption...à vous de trouver le dernier synonyme !
Marcel Proust (1871-1922)
Fils d'un médecin, Marcel Proust est né dans un milieu aisé. Son enfance est marqué par des problèmes de santé (il souffre de crises d'asthme) et par un attachement presque maladif à sa mère.
Il fait néanmoins de bonnes études et passe une licence de lettres. Sa vocation littéraire se dessine et il commence à publier des articles dans diverses revues.
La vie mondaine qu'il mène alors, son dilettantisme, peuvent donner une impression de frivolité. En fait, l'apparence est trompeuse : l'écrivain réfléchit, observe et mûrit.
Il renonce à sa fonction d'attaché à la bibliothèque Mazarine et part en voyage à Venise en 1902. En parcourant la Sérénissime, il se passionne littéralement pour les questions esthétiques...
Après la mort de son père en 1903, puis celle de sa mère en 1905, une sorte de métamorphose se produit : Marcel Proust décide de renoncer à sa vie mondaine et de se consacrer exclusivement à son œuvre.
En 1909, il commence la rédaction de Du côté de chez Swann qui paraîtra en 1913, à compte d'auteur, tous les éditeurs ayant refusé le manuscrit...
Cinq années plus tard, la parution de A l'ombre des jeunes filles en fleurs lui vaut le prix Goncourt...
Le succès l'encourage à poursuivre avec une ardeur renouvelée une œuvre qui absorbe toutes ses forces. Malgré la maladie, Proust réussit, au prix d'un labeur prodigieux, à terminer A la recherche du temps perdu.
Mais, épuisé, il meurt le 18 novembre 1922, sans avoir pu effectuer les ultimes corrections...
La religion de l'art.
Toute l'œuvre de Marcel Proustest traversée par une réflexion sur l'art et sur l'écriture. On peut même voir, dans La recherche, la mise en scène du processus créateur. Celui que l'on avait pu prendre pour un mondain "pompeux et superficiel" refuse en réalité que l'art soit réduit à un divertissement d'esthète...
L'art permet de dépasser les médiocrités de l'existence pour accéder à la révélation de la vraie vie. Il comprend, explique, pardonne et soigne...
L'œuvre n'est pas un bel objet, elle est avant tout le prisme qui nous permet d'entrer au cœur d'une vision singulière du monde, avec tout ce que cela comporte comme erreurs...
L'écrivain n'est pas un raconteur d'histoires, il est d'abord celui qui, par la création d'un style, (le sien, pas celui à la mode du moment), restitue un univers spirituel : le monde réel qui est proposé à l'artiste s'avère être, même dans ce qu'il a de plus insignifiant, le chemin qui le conduira vers la révélation de l'essence des choses.
Le réel transfiguré.
Ainsi se trouve remise à sa place toute prétention réaliste : le but n'est pas de reproduire ni de vivre la réalité mais de la dépasser.
Certes, le romancier, comme tout artiste, est un observateur aigu du réel. Et Proust, grand admirateur de Saint-Simon et de Balzac, a su peindre, avec une extraordinaire pénétration et une verve satirique très mordante, la comédie humaine à laquelle il a pu assister dans les milieux mondains qu'il fréquentait.
Mais l'art du romancier, c'est précisément de transfigurer la réalité insignifiante et décevante, non pour en présenter une image fallacieusement embellie, mais pour y montrer une complexité de rapports qui rend à l'univers son prix infini...
La métaphore proustienne, par sa capacité à déployer des réseaux analogiques, a été l'outil même de cette transfiguration.
Le roman de la création romanesque.
L'œuvre de Marcel Proust marque une date capitale dans l'histoire du roman et témoigne de la mutation que subit ce genre.
Dans La Recherche, se trouvent remis en cause des piliers du roman traditionnel : l'unité du personnage romanesque et la trame narrative.
L'œuvre, plus que jamais, est présentée comme un récit en cours d'élaboration...
Le lecteur est convié à lire une histoire en assistant à son éclosion.
C'est cette extraordinaire mise en scène du processus créateur qui fait de La Recherche l'un des sommets de la littérature du XX° siècle...
"C’était parce que je voulais absolument qu’elle revînt dans les huit jours que je lui disais : « Adieu pour toujours »".
Marguerite Duras (1914-1996)
Marguerite Duras naît en Indochine, alors colonie française, où sa mère exerce le métier d'institutrice. Orpheline de son père à quatre ans, elle connaît une enfance difficile et son adolescence sera assombrie par la ruine de sa mère (celle-ci perd toutes ses économies dans l'achat de terres inondées six mois par an par le Pacifique).
Arrivée à Paris en 1931, elle commence à écrire pendant la guerre. C'est son roman Moderato Cantabile(1958) et surtout le film d'Alain Resnais, Hiroshima, mon amour (1958) dont elle écrit le scénario et les dialogues, qui lui assurent sa notoriété.
Proche du "Nouveau Roman" par son refus des règles traditionnelles, Marguerite Duras construit une œuvre originale qui comporte aussi bien des récits que des films ou pièces de théâtres.
Elle touche un large public avec l'Amant(1984), roman autobiographique qui lui vaut d'obtenir le prix Goncourt.
La douleur, le désir.
Les personnages de Duras sont tous en proie à une douleur secrète, obsédante, énigmatique. De leur univers atone - qu'il s'agisse de la vie éteinte d'une bourgeoise dans Moderato Cantabile, ou de celle d'un vice-consul à Calcutta, dans la moiteur insupportable de la mousson, dans India-Song -, ses héroïnes débordent de désespérance humaine, aux limites de la folie.
Toujours inexplicable et inexpliquée, cette douleur met en lumière cette faim atroce et absolue tapie au cœur de l'être qu'est le désir.
Parfois, la rencontre émerveillée, mais nécessairement fugitive de deux êtres, laisse entrevoir ce que pourrait être la puissance libératrice de l'amour...
Mais d'après Marguerite Duras, "aucun amour au monde ne peut tenir lieu d'amour", (Les Petits Chevaux de Tarquinia).
Les êtres sont toujours étouffés par un ennui insondable ou emmurés dans les contraintes et les conventions de la vie sociale...
Une écriture blanche, incandescente.
L'écriture de Marguerite Duras n'a cessé d'évoluer vers une sobriété et un dépouillement de plus en plus grands. Elliptique, allusive, pleine de béances, de ruptures, de syncopes, de silences, cette écriture au phrasé proche du langage quotidien est douée d'une exceptionnelle puissance incantatoire, comme si la matité des mots, le refus de l'ornement et le rythme souvent saccadé, rendaient plus violente et plus vibrante l'intensité des émotions et des sentiments...
... En fait, elle s'écrivait à elle-même, et noyait ses joies comme ses amertumes en buvant ses mots...
René Char est né en 1907 à l'Isle-sur-Sorgue, près d'Avignon. Il délaisse rapidement les études de commerce qu'il suit à Marseille au profit de la littérature. En 1926, la lecture dePaul Éluard (qu'il rencontrera en 1929) lui fait découvrir la poésie surréaliste et il se met à écrire.
La rencontre deBreton et d'Aragon en 1929 l'amène à se joindre au mouvement surréaliste. PourChar, la poésie va de pair avec l'engagement politique : il milite contre les mouvements d'extrême droite et soutient les républicains espagnols.
Il s'éloigne des surréalistes en 1934, année où il publie son premier recueil,Le Marteau sans maître.
Homme d'action, il participe à la Résistance, dont il est un des grands poètes avec son recueilFeuillets d'Hypnos (1946).
Après la guerre, dans sa solitude de l'Isle-sur-Sorgue, il se consacre entièrement à la poésie, tout en s'intéressant à la peinture (il est l'ami de nombreux artistes telsMiro,Giacometti etNicolas de Staël).
Il milite en 1965 contre l'arme nucléaire...
"Les chants matinaux de la rébellion"
La poésie de René Char, en raison de sa densité, passe pour difficile d'accès. L'exigence du poète, son souci de se maintenir toujours à une certaine hauteur, son intransigeance sur le plan éthique, confèrent à sa poésie une grandeur austère et un certain hermétisme. Sa vision du monde est fondamentalement tragique mais elle n'en débouche pas moins sur l'action : l'ambition du poète est, dans un monde absurde, au tumulte menaçant, d'élever une protestation radicale.
La poésie deRené Char est un acte de révolte, elle est, au sens profond du terme, une poésie de résistance face à un monde couvert de sang et de charniers :
-Je n'écrirai pas de poème d'acquiescement, dit-il dans Feuillets d'Hypnos.
Dans le prisme du poème pulvérisé
Cette poésie de fragments s'incarne en images d'une rare densité qui composent un paysage immédiatement reconnaissable, où d'abord se remarque la fraîcheur des "matinaux", moment d'éveil, d'ouverture et d'élan, où l'être s'allège et communie avec le vent et l'oiseau (telle l'alouette "extrême braise du ciel et première ardeur du jour" , qui "reste sertie dans l'aurore et chante la terre agitée", Ibid).
À l'autre extrémité, flamboie une fureur d'orage où alternent la tension d'une contraction extrême et l'explosion fulgurante. Cette violence, toujours prête à sourdre, n'exclut pas une inspiration plus tempérée, ouverte à la tendresse et à l'émerveillement...
J'aime qui m'éblouit puis accentue l'obscur à l'intérieur de moi. (Les Matinaux.)
Épouse et n'épouse pas ta maison. (Fureur et mystère.)
De toutes les eaux claires, la poésie est celle qui s'attarde le moins au reflet de ses ponts. (Ibid.)
Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir. (Ibid.)
Comment vivre sans inconnu devant soi ? (Ibid.)
Pour écouter la chanson, cliquez sur le lien, en bas, à gauche, sur la colonne des rubriques.
Paroles simples et magnifiques, histoire émouvante. Larme assurée si vous arrivez a retranscrire "la feuille" par "vous-même"
Elle en dit tellement long cette simple feuille...
Les mots auront la force du poète,
Ils gagneront tous les deux...
... et le Nous l'emportera.