Marcel Proust - La Recherche...

Publié le 25/08/2010 à 17:16 par riziosanmarino Tags : proust

 

Marcel Proust (1871-1922)

 

Fils d'un médecin, Marcel Proust est né dans un milieu aisé. Son enfance est marqué par des problèmes de santé (il souffre de crises d'asthme) et par un attachement presque maladif à sa mère.

Il fait néanmoins de bonnes études et passe une licence de lettres. Sa vocation littéraire se dessine et il commence à publier des articles dans diverses revues.

La vie mondaine qu'il mène alors, son dilettantisme, peuvent donner une impression de frivolité. En fait, l'apparence est trompeuse : l'écrivain réfléchit, observe et mûrit.

Il renonce à sa fonction d'attaché à la bibliothèque Mazarine et part en voyage à Venise en 1902. En parcourant la Sérénissime, il se passionne littéralement pour les questions esthétiques...

Après la mort de son père en 1903, puis celle de sa mère en 1905, une sorte de métamorphose se produit : Marcel Proust décide de renoncer à sa vie mondaine et de se consacrer exclusivement à son œuvre.

En 1909, il commence la rédaction de Du côté de chez Swann qui paraîtra en 1913, à compte d'auteur, tous les éditeurs ayant refusé le manuscrit...

Cinq années plus tard, la parution de A l'ombre des jeunes filles en fleurs lui vaut le prix Goncourt...

Le succès l'encourage à poursuivre avec une ardeur renouvelée une œuvre qui absorbe toutes ses forces. Malgré la maladie, Proust réussit, au prix d'un labeur prodigieux, à terminer A la recherche du temps perdu.

Mais, épuisé, il meurt le 18 novembre 1922, sans avoir pu effectuer les ultimes corrections...

 

La religion de l'art.

Toute l'œuvre de Marcel Proustest traversée par une réflexion sur l'art et sur l'écriture. On peut même voir, dans La recherche, la mise en scène du processus créateur. Celui que l'on avait pu prendre pour un mondain "pompeux et superficiel" refuse en réalité que l'art soit réduit à un divertissement d'esthète...

L'art permet de dépasser les médiocrités de l'existence pour accéder à la révélation de la vraie vie. Il comprend, explique, pardonne et soigne...

L'œuvre n'est pas un bel objet, elle est avant tout le prisme qui nous permet d'entrer au cœur d'une vision singulière du monde, avec tout ce que cela comporte comme erreurs...

L'écrivain n'est pas un raconteur d'histoires, il est d'abord celui qui, par la création d'un style, (le sien, pas celui à la mode du moment), restitue un univers spirituel : le monde réel qui est proposé à l'artiste s'avère être, même dans ce qu'il a de plus insignifiant, le chemin qui le conduira vers la révélation de l'essence des choses.

 

Le réel transfiguré.

Ainsi se trouve remise à sa place toute prétention réaliste : le but n'est pas de reproduire ni de vivre la réalité mais de la dépasser.

Certes, le romancier, comme tout artiste, est un observateur aigu du réel. Et Proust, grand admirateur de Saint-Simon et de Balzac, a su peindre, avec une extraordinaire pénétration et une verve satirique très mordante, la comédie humaine à laquelle il a pu assister dans les milieux mondains qu'il fréquentait.

Mais l'art du romancier, c'est précisément de transfigurer la réalité insignifiante et décevante, non pour en présenter une image fallacieusement embellie, mais pour y montrer une complexité de rapports qui rend à l'univers son prix infini...

La métaphore proustienne, par sa capacité à déployer des réseaux analogiques, a été l'outil même de cette transfiguration.


Le roman de la création romanesque.

L'œuvre de Marcel Proust marque une date capitale dans l'histoire du roman et témoigne de la mutation que subit ce genre.

Dans La Recherche, se trouvent remis en cause des piliers du roman traditionnel : l'unité du personnage romanesque et la trame narrative.

L'œuvre, plus que jamais, est présentée comme un récit en cours d'élaboration...

Le lecteur est convié à lire une histoire en assistant à son éclosion.

C'est cette extraordinaire mise en scène du processus créateur qui fait de La Recherche l'un des sommets de la littérature du XX° siècle...

"C’était parce que je voulais absolument qu’elle revînt dans les huit jours que je lui  disais : « Adieu pour toujours »".