Jacques Prévert. (1900-1977)

Publié le 25/12/2011 à 14:24 par riziosanmarino Tags : amour vie enfants argent poésie fantaisie

Jacques Prévert. (1900-1977)

 

Prévert est né à Neuilly-sur-Seine. Son enfance est marquée par ses problèmes scolaires de mauvais élève. Dès l'âge de quinze ans, il doit travailler pour gagner sa vie. Après la guerre, il fréquente les surréalistes jusqu'en 1928, date à laquelle il est exclu du groupe par André Breton.

A partir de 1930, Prévert se consacre à des activités littéraires multiples : poésie, chanson, avec Kosma. Théâtre avec le groupe Octobre, et cinéma avec son frère Pierre, et des metteurs en scène comme Renoir et Carné. Il écrit le scénario de quelques-uns des chefs-d'œuvre du cinéma tels que Quai des brumes (Carné 1938), ou Les enfants du paradis (Carné 1943). En 1945, il rassemble dans Paroles les poèmes qu'il écrit depuis une quinzaine d'années. Le recueil obtient un grand succès public. Tout en travaillant pour le cinéma, il continuera de publier des poèmes.

 

Une poésie du quotidien.

 

Jacques Prévert a réussi à créer une poésie authentiquement populaire, alors qu'en général la poésie s'adresse plutôt à un public restreint. Il le doit d'abord à ses thèmes : il puise son inspiration dans la rue, dans la vie quotidienne, traquant sous la grisaille la fantaisie qui transfigure la banalité de l'existence. Il le doit aussi à sa poésie amoureuse qui exalte une vision libertaire de l'amour et à sa veine satirique très virulente. Son tempérament profondément anarchiste le porte à dénoncer toutes les formes de pouvoir, celui de l'argent comme celui de toutes les institutions : école, famille, armée, religion, et à défendre les exploités, les opprimés, les marginaux et les exclus.

 

Un virtuose du langage.

 

Cette poésie débordante de vitalité, de fantaisie et de gouaille est libertaire jusque dans son écriture : Prévert s'est affranchi de toutes les règles traditionnelles (ponctuation, métrique,) pour créer une poésie proche de la langue orale et marquée par un goût prononcé pour l'anaphore (répétition d'un mot) et l'énumération. S'il se défie de l'imagerie surréaliste et de sa gratuité, il est un extraordinaire virtuose du jeu avec les mots. Pour Prévert, mettre du jeu dans les mots est le moyen le plus efficace pour déstabiliser  l'ordre établi, infiltré au cœur même du langage, et faire passer un souffle nouveau de liberté...

 

 

La Solitude

 

Qui est là

Personne

C'est simplement mon cœur qui bat

Qui bat très fort

A cause de toi

Mais dehors

La petite main de bronze sur la porte de bois

Ne bouge pas

Ne remue pas

Ne remue pas seulement le petit bout du doigt.

 

(Histoires 1946)